On se souviendra toujours de 2021 comme l'année marquée par les évènements qui ont confirmé la vérité connue depuis toujours par des générations de familles et de communautés autochtones, soit que des centaines, voire des milliers, d'enfants autochtones ont été inhumés dans des tombes non marquées sur le site des écoles qui s'appelaient à l'époque des pensionnats indiens.
Au printemps et à l'été de 2021, des centaines de tombes non marquées ont été découvertes grâce à des enquêtes menées par les Premières Nations des communautés locales. Ces découvertes ont forcé la population canadienne à prendre conscience de cette période honteuse de notre histoire collective, dans un premier temps, et, ensuite, de notre responsabilité collective de favoriser la vérité et la réconciliation.
La Commission a joint sa voix à celles des personnes indignées et affligées dans toutes les régions du Canada. Sur toutes nos plateformes publiques, nous avons rendu hommage aux enfants qui ont perdu la vie et à leur famille, et nous avons lancé un appel à la solidarité de la population canadienne avec les peuples autochtones en cette période de deuil. Nous avons déclaré notre appui aux nombreux appels à l'action réclamant que tous les paliers de gouvernement financent des initiatives visant à entreprendre des fouilles sur le site de tous les pensionnats autochtones du Canada.
En 2021, nous avons souligné la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, laquelle invitait la population de l'ensemble du pays à se renseigner sur la vraie histoire du Canada. La Commission soutient que les personnes non autochtones du Canada devraient depuis très longtemps porter elles aussi le fardeau de savoir ce qui s'est passé et se mobiliser personnellement à la lumière de leur responsabilité envers le triomphe de la vérité et de la réconciliation.
Nous encourageons encore tout un chacun au Canada à faire preuve de solidarité avec les peuples autochtones, à apprendre la vérité sur ce qui s'est passé et à exiger que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux collaborent avec les gouvernements et communautés autochtones pour que chacun des enfants disparus depuis si longtemps soit rendu à sa communauté.
Le 21 juin 2021, la Loi concernant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a reçu la sanction royale et est entrée en vigueur au même moment. Cette loi a pour objet de confirmer que la Déclaration constitue un instrument international en matière de droits de la personne qui peut aider à interpréter et à appliquer le droit canadien. Elle vise aussi à encadrer la mise en œuvre de la Déclaration à l'échelon fédéral.
Cet évènement important s'est produit en période d'urgence pour les droits de la personne de nombreux peuples autochtones au Canada, y compris la Nation innue. En 2021, nous avons reçu le Rapport de suivi présenté à la Commission canadienne des droits de la personne sur les droits de la personne des Innus du Labrador, lequel fournit un compte rendu détaillé de ce que des générations d'Innus ont vécu.
Ce rapport est le fruit d'une collaboration entre la Nation innue, Celeste McKay Consulting Inc. et le professeur Donald McRae. Presque 30 ans auparavant, ce dernier avait contribué au premier rapport de la Commission qui expliquait les conditions de vie épouvantables au Labrador à l'époque. En 2019, la Nation innue a invité la présidente de la Commission, Marie-Claude Landry, à se rendre dans la communauté et à tenir des consultations.
Comme le rapport le souligne clairement, on a assisté à d'importants progrès en matière de droits des Autochtones, à l'échelle tant nationale qu'internationale, depuis la publication en 2002 d'un deuxième rapport de la Commission. Toutefois, la situation a peu évolué pour les Innus dans sept aspects essentiels de la vie, lesquels nécessitent des services gouvernementaux : la santé; les services à l'enfance et à la famille; l'éducation; la langue et la culture; le logement; le maintien de l'ordre et le système de justice; et le bien-être économique global.