aller au contenu principal

Message de la présidente

Tout au long de 2021, la pandémie a continué d'influencer presque tous les aspects de notre vie quotidienne. Cette crise sanitaire, économique et des droits de la personne a touché tout le monde - elle nous affecte tous d'une manière ou d'une autre.

Même si de nombreuses personnes ont réussi à s'adapter à une nouvelle normalité, la COVID-19 continue d'aggraver les difficultés vécues par des personnes déjà en situation de vulnérabilité. Certains groupes de personnes sont touchés de façon disproportionnée par cette pandémie, soient beaucoup de femmes, d'enfants, de personnes handicapées, de personnes aînées, d'Autochtones, de personnes noires, de personnes racisées, de familles monoparentales, de membres de la communauté LGBTQ2SI+ et de personnes purgeant des peines de prison.

Les efforts déployés pour limiter la propagation du virus continuent d'amplifier les inégalités économiques et sociales pour des millions de personnes. Cela contribue à un sentiment de lassitude et une perte de confiance de plus en plus grande envers les institutions publiques. Cette situation alimente les divisions, la rhétorique haineuse ainsi les comportements agressifs dans les lieux tant publics que virtuels. Les personnes œuvrant dans les milieux de la santé, de la fonction publique, du journalisme et de la politique sont souvent ciblées.

Malgré ce qu'en pensent certaines personnes, les droits de la personne ne sont pas absolus. La protection de nos droits individuels et la protection de notre bien-être collectif sont étroitement liées. Le fait de devoir porter un masque ou de se faire vacciner afin de protéger sa santé et celle des autres ne constitue pas une violation de nos droits fondamentaux. Il s'agit plutôt d'assumer notre responsabilité collective de protéger les autres.

Au moment où j'écris ces lignes, des manifestants bloquent le centre-ville d'Ottawa et des milliers de citoyennes et de citoyens se sentent menacés ou intimidés. Priver les autres de leur liberté au nom de la vôtre est une distorsion des droits. C'est malavisé et erroné.

Le droit de manifester pacifiquement est fondamental dans notre démocratie, mais personne n'a le droit d'être violent ou de menacer les autres.

L'affichage éhonté de symboles de haine et de suprématie blanche constitue une menace pour notre démocratie, notre paix et notre prospérité. Ignorer ou minimiser l'importance de la rhétorique de la suprématie blanche ou de haine, sous toute forme, est inacceptable.

La haine divise et réduit au silence. La haine est un réel danger et a des conséquences dévastatrices.

Plus que jamais, nous devons nous appuyer sur les droits de la personne pour orienter nos valeurs, pour favoriser l'harmonie sociale et pour protéger notre paix sociale et notre prospérité. Les droits de la personne sont universels et constituent le fondement de notre société libre et démocratique.

Les droits de la personne sont précieux : nous devons les chérir et les protéger et rester vigilants. Il ne faut pas les tenir pour acquis. C'est en temps de crise que nos droits risquent le plus de s'éroder ou de nous échapper; c'est-à-dire d'être perdus.

Ici, comme ailleurs dans le monde, nous devons concerter nos efforts pour préserver nos droits et veiller à ce que chaque personne soit traitée de manière égale, digne et respectueuse. Le silence a de graves conséquences et ne devrait jamais être une option. Le silence nous rend complices.

Bien que préoccupée, je demeure optimiste. Je crois que le Canada est une nation bienveillante, compatissante et résiliente. La diversité, l'inclusion et l'accueil sont des valeurs qui nous tiennent à cœur. Elles sont ce que nous sommes. Je suis inspirée par les multiples exemples de personnes au Canada qui s'unissent pour s'entraider. Ces actions sont porteuses d'espoir pour un avenir meilleur et montrent clairement que nous sommes plus forts ensemble.

Ensemble, nous devons dénoncer la haine quand nous en sommes témoins. Nous ne devons pas tolérer les menaces, l'agressivité ou la violence ciblant des personnes en raison de leur apparence, de leurs croyances ou des personnes qu'elles aiment.

Ensemble, nous devons lutter contre le racisme systémique profondément enraciné dans notre société qui prive depuis longtemps les personnes autochtones, noires et racisées d'un sentiment d'appartenance et d'une pleine participation à notre société.

Ensemble, nous devons favoriser la réconciliation. Nous devons apprendre la vérité sur des parties honteuses de notre histoire et devons en assumer la responsabilité.

Ensemble, nous devons travailler à éliminer les obstacles et bâtir un monde meilleur où chaque personne aura accès à un emploi, aux lieux publics, à l'information, aux services et aux transports.

Nous devons faire mieux pour favoriser l'égalité des genres et pour veiller à ce que toute personne un reçoive un salaire égal pour un travail de valeur égale. Nous devons faire en sorte que chaque personne ait droit à un logement. Nous devons faire mieux pour éliminer l'itinérance et pour protéger les membres de notre société en situation de vulnérabilité.

Nous devons continuer à faire pression pour un Canada où chacun se sent accueilli, valorisé et en sécurité. Quand tout le monde peut participer, tout le monde y gagne.

Mes années à la présidence de la Commission canadienne des droits de la personne sont parmi les plus belles années de ma vie.

Les personnes qui y travaillent sont profondément engagées envers les principes d'égalité, de dignité et de respect. Elles croient en ce qu'elles font et se soucient des personnes qu'elles aident.

Ce fut un immense honneur et un privilège de servir en tant que présidente de la Commission et cheffe de direction de cette importante et extraordinaire organisation.

Soyez bienveillant envers vous-même et envers les autres.

Marie-Claude Landry, Ad. E.
Présidente
Commission canadienne des droits de la personne